Mythes et légendes entourent depuis longtemps les piranhas. Popularisés dans le monde entier à la suite du film Piranha sorti en 1978, ces poissons jouissent aujourd’hui d’une réputation de mangeurs d’Hommes. Enquête.
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});Les origines
Piranha provient des langues Tupi Guarani, parlées le long des grands fleuves de l’est de l’Amérique du sud (du Brésil à l’Uruguay) par de nombreuses populations indiennes.
Le terme, que l’on écrirait originellement pirá-anhã signifie « poisson diable ». Depuis les premiers témoignages connus, ces poissons sont réputés pour leur voracité.
Vénérés par certaines tribus, craints par d’autres, les légendes autour des piranhas étaient présentes bien avant l’arrivée des premiers colons. Ces derniers, impressionnés par la puissante dentition de ces poissons, ont rapidement redouté leur présence.
Qu’est-ce qu’un piranha ?
« Piranha » est une appellation générique utilisée pour désigner plus de 35 espèces, regroupées dans les genres Pygocentrus et Serrasalmus.
Ces poissons ont une large distribution qui s’étend du bassin amazonien aux zones tropicales et subtropicales d’Amérique du Sud. Tous sont carnivores, dotés de mâchoires imposantes et de dents tranchantes.
À ce jour, le plus puissant d’entre eux est le piranha noir (Serrasalmus rhombeus). Comparativement à sa taille, c’est l’animal avec la mâchoire la plus puissante du règne animal. Il peut exercer une force de morsure équivalente à 30 fois son poids. Les pêcheurs mal informés peuvent facilement y perdre un doigt.
Les piranhas ont des cousins herbivores et granivores. Ces derniers, appartiennent comme eux à la famille des serrasalmidés. Ils peuvent facilement être confondus avec les piranhas carnivores avant l’âge adulte.
Certaines espèces, granivores, sont surnommées pacus et jouissent également de réputations sulfureuses. Eux aussi sont munis de puissantes dentitions, mais spécialisées pour écraser les graines et non pour déchiqueter.
Un pacu avait semé le trouble en 2013 au Danemark.
A la suite de la capture d’un de ces spécimens dans les eaux scandinaves, un scientifique avait mis en garde les hommes de garder leurs « maillots de bain » en arguant le fait que les pacus pouvaient confondre les testicules avec les noix dont ils sont très friands…
Il s’avère que ce conseil était exagéré. Bien que la morsure puisse être dangereuse, rencontrer des pacus dans nos eaux est hautement improbable et la manière dont ils se nourrissent laisse peu de chances à une erreur de discernement.
Mais de qui parle-t-on vraiment ?
Les piranhas qui ont inspiré les pires histoires ne sont pas les plus puissants, tels que le piranha noir précédemment évoqué. Beaucoup d’espèces vivent en solitaire et ne correspondent en rien aux bancs de poissons sanguinaires mythiques.
Les piranhas dont nous parlons communément appartiennent au genre Pygocentrus.
On en dénombre officiellement 4 espèces : le piranha à points noirs (ou piranha tacheté), le piranha à ventre rouge (qui a inspiré plusieurs films), le Pygocentrus palometa et le piranha de San Francisco (au Brésil, réputé être le plus dangereux).
Du cinéma…
Un couple de randonneurs décide, pour se relaxer, de prendre un bain dans une piscine. Au bout de quelques instants, on entend les premiers cris, l’eau commence à rougir et le couple disparaît. Un banc de piranhas aux dents acérées n’a fait qu’une bouchée des deux imprudents…
Voici le script de démarrage du film Piranha de Joe Dante. La suite du film prend des allures de science-fiction lorsque des piranhas modifiés se mettent à envahir le monde, dévorant tout humanoïde croisant leur chemin.
Chaque décennie connaîtra ensuite au moins un film d’horreur sur les piranhas.
En 2010, Alexandre Aja réalise le remarqué Piranha 3D. Cette comédie horrifique se déroule dans la ville de Lake Victoria, en Arizona. À l’occasion du spring break, la fête de fin d’études aux États-Unis, une espèce de piranhas préhistoriques fait irruption et dévore étudiants et biologistes…
… A la réalité
Dans les faits les piranhas sont bien moins dangereux que dans ces longs-métrages. En réalité, ce sont même des poissons plutôt timides, qui s’enfuient en présence de l’homme.
Ils peuvent tout de même causer des morsures impressionnantes, et sectionner un doigt ou un orteil. Les personnes les plus à risques sont les pêcheurs, lorsqu’ils attrapent l’un de ces poissons et que ce dernier se retrouve par exemple vivant sur le bateau.
Quelques cas de décès par attaque foudroyante sont tout de même recensés. Par exemple, en 2011, un jeune bolivien ivre a sauté dans une rivière infestée de piranha et a été dévoré.
En 2015, une brésilienne de 6 ans tombée d’un bateau sur le Rio Maicuru a été retrouvée morte avec de nombreuses coupures attribuées aux piranhas. On ignore cependant s’ils ont été la cause du décès ou si l’enfant s’est noyée précédemment.
Les piranhas sont connus pour dévorer les cadavres et on leur attribue parfois des décès sans qu’ils en soient la cause.
Ces cas sont cependant tout à fait exceptionnels.
Les piranhas sont dangereux dans un cas particulier : lorsqu’ils se retrouvent confinés dans une mare en période sèche. Affamés, ils s’attaquent à tout ce qui peut tomber dans l’eau. L’histoire célèbre d’une vache dévorée en quelques minutes devant le président Roosevelt correspondait à une mise en scène dans ces conditions particulières.
Dans plusieurs régions du Brésil, il arrive que des piranhas du genre Serrasalmus (différents des piranhas de banc) provoquent des petites lésions et coupures chez les baigneurs. Ces attaques ont lieu lorsque ces derniers s’approchent, sans le savoir, de territoires ou de zones de reproduction.
De manière globale, les histoires sur les piranhas sont très largement surestimés. Les cas de décès sont extrêmement rares. Il est cependant nécessaire d’être prudent dans certains contextes, toucher un piranha dans un aquarium ou lors d’une session de pêche peut provoquer de sévères blessures.
Le groupe des piranhas, aussi connu soit-il, est en réalité encore mal connu. De nombreuses espèces ne sont pas officiellement décrites, et apporteront probablement leur lot de surprises, et de mythes…
A propos de l'auteur
Benoit Chartrer est un membre fondateur et pilote le projet Fishipédia. Sorti d'une formation d'ingénieur en physique, il a progressivement changé de spécialisation en se tournant vers les technologies Web. Passionné de voyage et de biologie, il tient également un compte Instagram dédié à la photographie animalière.