D’abord élevé pour combattre dans des jeux de paris, le combattant a peu à peu séduit pour ses qualités esthétiques. Retour sur 200 ans d’histoire.
Documenté dans plus de 50 langues sur Wikipédia, le combattant, scientifiquement désigné Betta splendens, fait partie avec le poisson rouge et le guppy, des espèces aquatiques les plus diffusées et les plus étudiées de la planète. Réputé pour son élégance chez les adeptes de l’aquarium, avec ses dizaines de variétés disponibles à la vente, il est entré officiellement dans la catégorie des poissons domestiques en France en janvier 20131. Aujourd’hui régulièrement pris à partie dans les débats sur le bien-être animal et sur les ‘aquariums boules’, il captive bien au-delà de ses milieux de prédilection !
Pourtant, rien ne prédestinait ce petit poisson des rizières sud-asiatiques à ce glorieux destin. Naturellement, le combattant ne possède pas de longues nageoires impérieuses très colorées. Le mâle arbore plutôt un dégradé de couleur vert, rouge, bleu et noir, et ses nageoires sont relativement petites. Les femelles sont plus ternes, de couleur brune. La collecte des premiers spécimens ne fut ni dédiée à l’art décoratif de l’aquarium, ni à l’alimentation, mais à la lutte compétitive.
Autour des années 1800, les combattants commencent ainsi par être élevés pour des jeux de paris dans une large partie de l’Asie sud-est, centrée autour de la Thaïlande. Très présent dans les rizières, sa pêche est alors l’un des passe-temps favoris des enfants chinois et malaisiens. Une fois capturé, les poissons sont mis en duel, à l’image des combats de coq européens. Les plus virulents deviennent des champions, dans l’attente d’un nouvel adversaire à leur taille. Une ligue est ouverte en 1840. En parallèle, une sélection s’opère; des variétés à vocation guerrière commencent à naître, les combats sont de plus en plus longs, et… De plus en plus captivants. A cette époque, les pertes potentielles engendrées par les paris étaient considérables, allant jusqu’à la propre maison des joueurs !
Aujourd’hui, cette mode est passée, et avec le développement agricole et l’arrivée des produits chimiques, les populations de Betta splendens ont largement régressé dans les rizières. Il est considéré comme ‘Vulnérable’ dans la liste des espèces de l’IUCN qui s’alarme de sa raréfaction dans toute la Thaïlande. A présent, Il ne se rencontre guère plus que dans les étangs stagnants et les cours d’eau lents des zones reculées2.
A la tradition des combats a succédé une passion pour les formes esthétiques du poisson issues des sélections humaines, passion qui, cette fois-ci, a outrepassé les frontières sud-asiatiques et s’est diffusée dans le monde entier. Avec plus de 12 variétés répertoriées3, elles-mêmes déclinables en de nombreuses couleurs, il est devenu l’un des emblèmes de la passion aquariophile. Aux U.S.A et au Japon, son succès est tel qu’il est à présent le poisson le plus maintenu en aquarium.
Quelques variétés de combattant apparues par sélection
A propos de l'auteur
Benoit Chartrer est un membre fondateur et pilote le projet Fishipédia. Sorti d'une formation d'ingénieur en physique, il a progressivement changé de spécialisation en se tournant vers les technologies Web. Passionné de voyage et de biologie, il tient également un compte Instagram dédié à la photographie animalière.