On appelle « nudibranches », de petites limaces marines appartenant à la classe des gastéropodes. Ce terme vient du latin « nudus » et brankhia », qui signifie « branchies nues ». La coquille de ces mollusques marins a disparu, contrairement aux branchies qui elles, sont à nues et bien visibles. En d’autres termes, ce sont des limaces sirènes un peu exhibitionnistes !
Attention : toutes les limaces de mer ne sont pas des nudibranches…
D’autres ordres des gastéropodes sont aussi appelés limaces de mer : les Aplysies et les Ombrelles par exemple, chez qui la coquille est encore présente, mais souvent dissimulée…
Néanmoins, c’est l’ordre des nudibranches qui a la plus grande diversité, avec plus de 3 000 espèces différentes !
À quoi ressemblent ces limaces sirènes ?
Les limaces de mer sont généralement de très petite taille, de quelques millimètres à plusieurs dizaines de centimètres. On les trouve dans toutes les mers et océans du monde, notamment sur la côte atlantique et en Méditerranée, à des profondeurs pouvant atteindre 700 mètres. La grande majorité se trouve dans les 10 premiers mètres.
Bien qu’elles soient très différentes de leurs homonymes terrestres, les limaces de mer possèdent des caractéristiques communes à tous les gastéropodes : une radula (sorte de langue râpeuse) pour mâcher, un pied pour se déplacer, des branchies pour respirer et des tentacules près de la bouche pour palper. Dotées d’une vue médiocre, elles ont développé un détecteur dernier cri, les rhinophores. Cet organe sensoriel fait office de nez, très utile dans la recherche de nourriture… Et même pour trouver un partenaire !
Ces animaux énigmatiques affectionnent particulièrement les zones difficiles d’accès : grottes sous-marines, herbiers, algues, sable, coraux des tropiques ou algues coralligènes de Méditerranée. Lorsque l’on est petit et au corps mou, il vaut mieux se rendre inaccessible et presque invisible.
Et pourtant, elles arborent bien souvent des couleurs chatoyantes, parfois même flamboyantes !
Certaines semblent être recouvertes de flammes, comme l’Hervia, véritable star sur la Côte d’Azur.
D’autres, comme les aplysies velues, semblent munies de cheveux, leur donnant un faux air de « Chewbaca » miniature.
Stratèges des mers
On pourrait se demander comment survivre dans le vaste océan, en étant si petit et si coloré ? En réalité, ce sont des as du camouflage et leurs couleurs sont adaptées à leurs milieux de vie. Certaines espèces accumulent même les pigments des algues qu’elles mangent, pour se fondre dans le décor… D’autres font ce qu’on appelle du « mimétisme », en se faisant passer pour un autre animal.
La plupart sont carnivores et se nourrissent de petits mollusques et de vers ; d’autres semblent moins téméraires et se contentent d’éponges, d’hydraires ou encore d’œufs de poisson.
Les nudibranches ont des stratégies efficaces pour leur survie ! Par exemple, le groupe des aéolides est capable de stocker le venin de ses proies urticantes, afin de s’en servir ensuite contre ses prédateurs. Certains nudibranches font même appel à des micro-algues pour obtenir plus d’énergie grâce à la photosynthèse : une symbiose observée chez de nombreux organismes marins.
La reproduction aussi est optimisée, les individus sont tous hermaphrodites, la fécondation est interne, puis des centaines d’œufs sont collés en spirale sur un substrat adéquat.
Un trésor en danger ?
Toutes ces stratégies ont un coût : ces jolis mollusques vivent en général moins d’un an. De plus, on dénote une baisse importante de la diversité des gastéropodes opisthobranches depuis les années 60.
Ce sont des organismes sensibles aux pollutions croissantes du littoral et au réchauffement climatique.
Certaines espèces ont déjà commencé à migrer vers des eaux plus saines, mais vont-elles réussir à s’adapter ?
Ces petits êtres qui font le bonheur des plongeurs ont également un rôle écologique très important ! Ils entretiennent le jardin océanique et limitent la prolifération d’organismes urticants.
Il est nécessaire de réduire nos impacts sur l’environnement et ainsi préserver les écosystèmes marins, dont dépendent les limaces des mer-veilles !
Aide à l’identification :
Il faut toujours se méfier de la couleur, ce n’est pas déterminant pour l’identification. Premièrement, distinguer s’il s’agit bien d’un nudibranche et pas d’une espèce appartenant à un groupe différent.
Ensuite, chez les nudibranches, il existe deux grands types morphologiques :
Les « doridiens », chez qui le corps est plutôt lisse et les branchies forment une petite collerette à l’arrière du corps.
Les « éolidiens », dont les branchies sont réparties en « cérates », sortes de pics, sur tout le corps.
Les critères importants pour l’identification, par ordre de priorité sont : la forme et la localisation des branchies, les rhinophores, la taille, la répartition géographique, les couleurs et le mode de déplacement.
Attention à ne pas confondre avec une planaire (vers plat) !
Et maintenant, à vos appareils !
Ps : ma référence pour les espèces des tropiques : Reef Creature Identification: Tropical Pacific – Paul Humann, Ned DeLoach
A propos de l'auteur
Héléna Bouyer est médiatrice scientifique en Biologie marine. Fascinée depuis toujours par les adaptations du vivant et amoureuse de l’océan, elle a travaillé comme divemaster en Malaisie, en encadrant des plongées et des ateliers scientifiques pour la conservation marine.