Rémi Masson est un photographe spécialisé dans la plongée en apnée. Depuis plusieurs années, il arpente les rivières et lacs des Alpes pour capturer des images insolites des fonds aquatiques.
Aujourd’hui, il nous offre une interview exclusive autour de son premier livre photographique : « Eaux douces des Alpes »
« Eaux douces des Alpes » est un ouvrage-clé pour comprendre les écosystèmes d’eau douce en milieu montagneux. C’est incontestablement une invitation à la découverte de ces mondes inaccessibles à travers de nombreuses photographies exclusives.
Tout d’abord, quel est ton parcours ? qu’est-ce qui t’as amené à la plongée ?
Bonjour. Originaire d’Annecy en Haute-Savoie, j’ai toujours été attiré par la nature sauvage et notamment le milieu aquatique. Cette soif d’exploration m’a assez vite amené sous la surface des torrents, puis des lacs de montagne. J’ai rapidement ajouté un appareil photo à mon matériel de plongée afin de pouvoir garder des souvenirs de mes excursions subaquatiques. Des collaborations avec différents magazines m’ont par la suite permis de faire évoluer mon équipement photo vers une pratique plus professionnelle.
D’où provient ton intérêt pour l’eau douce ? en quoi ce type de plongée est-il différent vis-à-vis des milieux marins ?
Il se dégage de l’eau douce une aura de mystère qui fait tout leur charme. J’aime aussi aller là où la plupart ne vont pas. Mais pour la photo, les bonnes conditions se méritent et eau claire rime avec eau froide.
Tu effectues la majorité de tes plongées en apnée. À quelle profondeur descends-tu ? Combien de temps peux-tu rester immergé ?
Oui, par choix toutes mes plongées se font en apnée. Pour réaliser un cliché, généralement moins d’une minute suffit. A titre indicatif (et anecdotique), mon record d’apnée statique est de 5 minutes 30, et ma profondeur max 22m. Mais si je m’entrainais auparavant avec des exercices de respiration, ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Quelles ont été tes plus grosses surprises ?
A ce jour, ma plus grande surprise a été de découvrir les énormes « boules » de silures dans les eaux troubles du fleuve Rhône. Ces rassemblements peuvent atteindre plusieurs mètres de large et dépasser une tonne, ce qui en fait les plus importants jamais décrits en eau douce.
As-tu eu la possibilité d’observer des espèces de poissons rares telles que des aprons du Rhône ou des corégones ?
Oui, j’ai eu la chance de pouvoir observer différentes espèces peu courantes comme l’apron du Rhône, le lavaret (moins rare, mais difficile à observer) le chabot du Lez ou encore la lamproie de planer, ainsi que des moules perlières et des écrevisses à pattes rouges, à pattes blanches, et de torrent.
Les environnements montagneux semblent plutôt préservés en termes de pollution. Quel est l’état de santé des rivières et lacs des Alpes ? as-tu rencontré des espèces invasives susceptibles de perturber l’équilibre des écosystèmes ?
Oui, les montagnes alpines sont un peu plus préservées, notamment les lacs de haute altitude et les rivières en tête de bassin.
Différentes espèces dites invasives, comme le poisson chat et plusieurs espèces d’écrevisses, sont malgré tout présentes dans les Alpes mais à mon sens, le danger principal reste l’Homme.
Ton ouvrage traite en particulier de la flore palustre et subaquatique, peux-tu nous présenter les plantes les plus originales ?
Il est possible de rencontrer par exemple des utriculaires qui sont des plantes carnivores vivant sous l’eau qui capturent de petits animaux aquatiques en les aspirants dans de petites poches. Sinon, au niveau artistique, la palme revient sans conteste aux nénuphars, qui sont pour moi une source d’émerveillement sans cesse renouvelé.
Aurais-tu des conseils à donner pour des débutants souhaitant s’adonner à la photographie aquatique ?
Le mieux est d’essayer près du bord, car il n’est souvent pas besoin d’aller très profond pour pouvoir observer des choses intéressantes. Pour des raisons de sécurité il est aussi recommandé de ne pas plonger seul, même si je ne suis pas forcément le mieux placé pour donner ce type de conseils…
« Eaux douces des Alpes », de Rémi Masson, 29,50 €
A propos de l'auteur
Benoit Chartrer est un membre fondateur et pilote le projet Fishipédia. Sorti d'une formation d'ingénieur en physique, il a progressivement changé de spécialisation en se tournant vers les technologies Web. Passionné de voyage et de biologie, il tient également un compte Instagram dédié à la photographie animalière.