Savez-vous que les poissons ont une vie sociale ? Qu’ils coopèrent, vivent en banc, se tiennent compagnie, nagent ensemble et élaborent des actions collectives ? Ensemble prenons connaissance de la vie en banc et tentons de comprendre l’enseignement à retenir de cette sublime cohésion.
Un banc de poissons, qu’est-ce que c’est ?
Telle une masse vivante pouvant regrouper des millions de poissons, le banc est un groupe de poissons hautement organisé et discipliné s’associant pour survivre. Les poissons s’y reproduisent, s’y nourrissent, se reconnaissent et se protègent.
Quels poissons vivent en banc ?
Premier point : c’est en eau de mer que l’on retrouve les bancs de poissons les plus impressionnants. Ce phénomène existe également en eau douce mais à plus petite échelle, comme chez les Corydoras ou les cardinalis.
Deuxième point : Un très grand nombre d’espèces vivent en banc, en particulier chez les espèces de petite et moyenne taille comme les sardines, carangues, anchois, ou encore certains poissons chirurgiens. Mais certains grands prédateurs aussi adoptent ce mode de vie, c’est notamment le cas des thons et de nombreux cétacés.
Le poisson zèbre, ou danio rerio, vit en banc tout en restant proche de la surface. Les tétras, petits poissons tropicaux d’Amérique du Sud, vivent entourés au minimum d’une dizaine de partenaires de nage bien que certaines espèces soient connues pour leur indépendance.
Troisième point : la très grande majorité des alevins et des juvéniles vivent en banc, qu’importe l’espèce concernée.
Pourquoi vivre en banc ?
Les poissons s’unissent pour devenir plus forts, plus puissants. Ensemble, ils économisent de l’énergie, détectent efficacement les prédateurs, s’organisent en interne pour se protéger au mieux et réduire le risque individuel. Certains rejoindront le groupe en mouvement, seront intégrés par leurs compères puis positionnés dans le banc selon une hiérarchie bien pensée.
S’économiser grâce au collectif
Lorsque les poissons nagent en groupe et dans la même direction, un courant se crée. Ce courant permet aux poissons de dépenser moins d’énergie. Produit par l’ensemble des poissons, cet effet d’aspiration offre davantage de vivacité aux poissons.
S’organiser pour mieux régner
Vivre en banc accroit l’espérance de vie des poissons en raison de la confusion que cette masse compacte et harmonieuse impose à ses prédateurs. Mais lutter ensemble requiert organisation et communication.
Comment s’organise donc la vie en interne ?
Au sein d’un banc de poissons, certaines places sont plus chères que d’autres. Les poissons les plus gros sont placés au milieu tandis que les plus petits sont relégués en périphérie, au rang supérieur, une zone plus exposée aux attaques. Les poissons s’associent donc pour éviter d’être repérés et ce sont les plus forts qui sont choyés.
Mais alors chaque banc s’organise-t-il de la même façon ?
Non. Les formes de banc sont diverses, le banc pouvant présenter des zones moins denses et recenser des trous que l’on appelle vacuoles. Reconnaitre une espèce grâce aux caractéristiques de son banc a fait l’objet d’une recherche. Des chercheurs ont tenté de trouver un moyen de reconnaitre une espèce grâce à son banc, certaines espèces ayant des bancs plus ajourées que d’autres.
Agir ensemble
Coordination des équipes au sein du banc
Au sein du banc, lorsqu’un échantillon de poissons change de direction, les poissons alternent entre deux phases. La première, les poissons suivent la direction d’un ou de deux voisins. La deuxième, les poissons se déplacent sans tenir compte de leurs voisins. Pour que la nage soit synchrone, chaque poisson ajustera ses mouvements en tenant compte d’un ensemble de voisins et en analysant avec attention les déplacements des autres poissons. Le déplacement du groupe est donc pensé collectivement.
S’unir pour tromper l’adversaire
En présence de l’ennemi, le banc de poissons peut se diviser et assaillir de toute part le prédateur en se plaçant derrière lui. C’est ce que l’on appelle « l’effet fontaine ». Face au danger, cette technique permet d’augmenter les chances d’échapper à l’attaquant. Autre stratégie collective, celle consistant à envoyer un ou deux membres du groupe inspecter un prédateur. L’objectif est de signaler au prédateur qu’il a été repéré.
Se reconnait-on au sein d’un banc de poissons ?
A bien les observer, les poissons paraissent indiscernables. Pourtant les chercheurs n’ont jamais manqué de mettre en évidence la capacité des poissons à s’identifier individuellement. Comment se reconnaissent-ils ? Les poissons font appel à leur sens bien développé (odorat, vue, ouïe) pour reconnaitre d’autres individus et distinguer leur propre espèce.
Peut-on sympathiser au sein du banc ?
Mais bien sûr ! Au sein d’un banc, les poissons deviennent amis, s’accouplent, intègrent des petits nouveaux, et sympathisent avec eux passés quelques jours. Ils se reconnaissent et se protègent. Le poisson est empathique, capable même de se montrer moins agressif avec son adversaire en fonction de son public.
Un banc constitue-t-il une gigantesque proie pour les attaquants ?
C’est l’inverse ! Un prédateur faisant face à un grand nombre de poissons rencontre des difficultés à ne choisir qu’un poisson. Il préférera s’attaquer à des proies isolées. Autre point, le mouvement d’ensemble produit par le banc peut confondre l’attaquant. Il perd le fil et sa sensibilité aux mouvements.
Conclusion
Nous avons tant à apprendre des bancs de poissons. De la communication qui règne au sein de la communauté, de l’intégration qu’ils offrent aux nouveaux arrivants, de leur organisation intelligente, de la coordination des équipes et de la protection mutuelle. C’est finalement en s’unissant que l’on devient plus fort, en se défendant collectivement que l’on s’en sort et en s’engageant ensemble que l’on donne du sens à nos actions.
A propos de l'auteur
Perrine Passafiume fait partie de l'équipe de rédaction de Fishipedia. Experte en stratégie digitale, elle s'engage dans des projets sociaux et écologiques pour développer leur visibilité. Retrouvez-la sur son compte Facebook.